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Le salon de Balder
28 juin 2010

Tirant d'eau

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L'ombre d'un fruit aux mécaniques auréoles,
les gens bleus, circadiens allumés,
ventrèche flottante d'un homme dégoupillé,
prêt à tout, puisqu'à mordre,
on obtient.
Nous avions lu longtemps, peut-être des heures.
Assis, rossés, au bord de la Seine, dans un parc, sur un banc.
Conflans, un cheval fou!
C'était l'octobre des reflets sur le dos rond des péniches.
L'air ne renvoyant de nous qu'une image imparfaite, nous avons poursuivis des attitudes entre les lignes, des précisions après chaque majuscules, recherchant le sol meuble, la mine un peu plus raide que la ligne de flottaison.
Sur les mats des péniches s'annonçaient par moment des crucifixions sans méthode, des périodes presque oubliées, jetées aux nuits du fleuve, accessible à nos seuls sens comme des faits inexplicables.
Parchemin de halage pour s'étirer lentement dans la douceur de l'automne, l'odeur encore aux pieds des restes de sous bois, de la forêt de St Germain, des routes forestières de Poissy, des Papillons, des énigmes, des traces, des fossés.
Empreinte, humus, sensibilité déroutante d'un violon prêt à jouer en l'absence de ses cordes.
Attabler au décor, là assis dans nos livres, nous écoutions.
A rebrousse page dans les plumes ventées d'une brise de sang, à la robe excitante, nous n'avons plus bougé, jusqu'au soir, presque juste avant la nuit.
Puis, vinrent des pas, une respiration. Un personnage s'est avancé, et de sa barbe jaune Chablis s'est échappé un épais brouillard.
Elle, s'est levée, s'est mise à danser avec Sapho sur la croupe bénie d'une péniche nomade empoignant d'une main le revers de sa robe, avançant sur le fleuve la soie de son pied nue.
Visage fictif au fil de l'eau, m'éloignant des limites fixés par l'existence objective, soucieux sur un plat bord de ranimer l'espace, j'ai voulu dire à l'homme de défaire le brouillard.
Mais lorsque palindrome en dilemme me prit, dans la bouche n'éructant que des compromissions, je n'ai pu que me soumettre au péril de ses vœux, sans demander pardon.
Main tendue, silhouette décurrente, j'allais au cabestan, dénouer l'embryon imbriaque de la raison, larguer les soubresauts de nos derniers amarres vers l'éclipse d'une écluse et dans le murmure lourd des derniers chants du fleuve sur la cadence sourde de notre vieux Baudouin, faire route glisser, guider par les lampyres.

Balder

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