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Le salon de Balder
31 janvier 2014

Hésiter

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L'entrée étroite sous les épis de ciel cherchait à persuader les fantômes autochtones de se tenir plus droit. L'heure était venue d'entrer dans la boutique, de glisser ce corps mou entre les deux battants de bois pour tenter de lire à travers le sourire. Essayer de mettre à jour les abîmes lascifs de ce visage de soie. De dire peut-être quelque chose, même après le bonjour, de ne ne pas s'en tenir aux conventions usées, d'enfreindre le protocole. Au passagers du tramway donner l'impression de celui qui sait où il va, paraître debout.

Plus les tramways glissaient tout au bout de l'avenue, vers le grand nulle part, plus l'assurance factice, composée de cette paille dont on fait de grands feux, dispersait ses miettes dans les crissements acides des pensées taciturnes. L'odeur grasse du métal chaud s'élevait des vieux rails, les semelles de cuirs et leurs bruits de sucions sur les trottoirs glissants l'invitaient en sourdine, à rompre le contact. Perdu dans son marasme sous les pluies en torpilles de sa tête tambour, il perdit, durant quelques secondes, la notion de contrôle. 

Les éclairs muets qui lascéraient ses pensées de visions interdites, s'atténuèrent un instant, sous l'orbite en fer noir du lampadaire éteint qu'il venait de prendre comme appui, témoin hermétique et froid du carnaval de ses songes. Peut-être devrait-il plutôt s'assoir quelques mètres plus loin au comptoir poussiéreux de l'ancien café, s'allumer comme les autres une pipe de tabac au goût de caramel, pour arrondir sur la langue les excés du genièvre. Après tout il était ici depuis déjà plusieurs siècles, et il lui restait plusieurs fois l'éternité, pour revenir chaque matin, reconstituer la scène, sur laquelle il vivait depuis toujours, personnage masqué, derrière le rideau des illusions.

 

Balder

 

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