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Le salon de Balder
19 janvier 2009

LA MER par BUFFON

drivtik Drivtik ISLANDE

La première chose qui se présente, c'est l'immense quantité d'eau qui couvre la plus grande partie du globe: ces eaux occupent toujours les parties les plus basses; elles sont aussi toujours de niveau, et elles tendent perpétuellement à l'équilibre et au repos. Cependant, nous les voyons agitées par une forte puissance qui, s'opposant à la tranquillité de cet élément, lui imprime un mouvement périodique et réglé, soulève et abaisse alternativement les flots et fait un balancement de la masse totale des mers. Nous savon que ce mouvement est de tous les temps et qu'il durera autant que la lune et le soleil qui en sont les causes.
Considérant ensuite le fond de la mer, nous y remarquons autant d'inégalités que sur la surface de la terre; nous y trouvons des hauteurs, des vallées, des plaines, des profondeurs, des rochers, des terrains de toute espèce; nous voyons que toutes les îles ne sont que les sommets des vastes montagnes dont le pied et les racines sont couverts de l'élément liquide; nous y trouvons d'autres sommets de montagnes qui sont presque à fleur d'eau; nous y remarquons des courants rapides qui semblent se soustraire au mouvement général: on les voit se porter constamment dans la même direction, quelquefois rétrograder et ne jamais excéder leurs limites, qui paraissent aussi variables que celles qui bornent les fleuves de la terre.
Là sont ces contrées orageuses ou les vents en fureur précipitent la tempête, ou la mer et le ciel également agités, se choquent et se confondent: ici sont des mouvements intestins, des bouillonnements, des trombes, et des agitations extraordinaires causées par des volcans dont la bouche submergée vomit le feu du sein des ondes et pousse jusqu'aux nues une épaisse vapeur mêlée d'eau, de souffre et de bitume. Plus loin je vois ces gouffres dont on n'ose approcher, qui semblent attirer les vaisseaux pour les engloutir; au-delà, j'aperçois ces vastes plaines toujours calmes et tranquilles, mais tout aussi dangereuse, ou les vents n'ont jamais exercé leur empire, ou l'art du nautonier devient inutile, ou il faut rester ou périr.
Enfin, portant les yeux jusqu'aux extrémités du globe, je vois ces glaces énormes qui se détachent des continents, des pôles et viennent, comme des montagnes flottantes, voyager et se fondre jusque dans des régions tempérées. 

                                 BUFFON         
                                 Extrait de Époques de la nature

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Commentaires
A
Je trouve cet extrait à la fois sans aucune poésie, trop proche de la réalité et en même temps cette réalité crue est poésie. J'espère ne pas avoir été trop confuse.
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