London's burning
23hOO Brewer street London.
-Êtes-vous modifiez?
C'est ce qu'elle lui demanda en premier.
C'est comme ça qu'elle l'aborda dans le long couloir de cet hôtel à la
lumière très spéciale.
Lumière glissante sur les formes arrondies des
faux angles de l'autre, juste pour en éprouver la fragilité des
contours.
Un divertissement penché, une lueur mal définie, là
gisent des immobiles. C'est ce que l'on pense d'abord en entrant. La
question qui surgit en premier c'est aussi celle la.
Qui de l'ombre ou du corps s'est échappé en premier de la noirceur de la rue?
C'est Soho en bas, c'est le marché et c'est l'odeur, même dans la nuit,
il pourrait être Singapour, il suffirait que l'ivresse nous isole dans
son sommeil debout et voila l'Asie, le grand calamar en scaphandre qui
garde la porte n'est pour rien à cette contrefaçon, tout se joue dans
la moiteur des effluves.
Les regards de chiens laqués qui
suspendent à leurs lèvres leurs arabesques de goudrons occidentaux
n'efface pas cette équivalence.
-Soixante dix secondes c'est ce qu'il lui à répondu.
Leurs mains se sont ensuite serrées contre cette différence qui les
condamnent au désir et ils ont glissées sous le regard d'un mur en
désordre.
Frontière bleutée, d'un hôtel de l'urgence sous les cris
de la rue et du plaisir. Le temps d'une dernière rédemption, l'automate
se regarde le nombril dans le miroir du monde.
Le monstre n'est
pas toujours celui que l'on exige. Il est versatile, il sait
s'enrubanner des quatre vents, cavalier fou dépouillé de ses serments
d'apocalypse, il dévisage son Amazone dans le dernier des cloaques et
disparaît.
Elle à dit
-Cendre de lune.
La conversation s'est mise à glisser vers la porte, la sortie de secours, l'ultime dérobade.
Une heure de plus dans une chambre, ce n'est rien. L'inventaire d'une rencontre à consommer.
C'est juste un bout du monde. Un parchemin pas encore écrit.
Il me fallait de la bière et des figures, des tas de bières, des tas de gens. Sortir reprendre le fil de la conversation et puis sa main. Cendres de lune? Et pourquoi pas cercueil de feu! Poussières analphabètes!
C'est là que tout se joue ou non, le déclic de rien, l'envie de l'anonyme, le besoin de nulle part. Des coups de têtes, des coups de dés, des destins amovibles.
L'idée prend forme et puis nous prend mais on ne sait pas trop ce qui la pousse.
C'est le sud, le matin, le réveil à la con!
Et soudain il faut fuir, il faut se fuir, rien n'est possible en dehors de ça. L'autre se met des ambitions en tête, de la strychnine oui!
Sauter dans un bus, prendre un avion atterrir dans le néant d'une capitale, et vouloir chercher à comprendre des conversations, pour ne pas finir en conserve, casser le bocal de l'habitude et rencontrer une égérie de carnaval dans le couloir des âmes en transit.
D'une forêt, l'autre, le Pavé c'est l'humus des déserteurs de la quiétude. Plus ils ont passés de temps à aligner les choses, les fenêtres, les bâtiments, les magasins, plus les normes et les barrières se sont dissoutes.
Cendre de lune à nouveau, l'inéchangeable tempérament. Parler, rire, boire, s'apprivoiser.
Faire le plein de comptoirs pleins d'embrouilles, glisser le long du grand escalator.
Traverser le fleuve dans le tube comme une perfusion dans les veines de la ville.
Traverser la mer pour venir pécher du son, des kilomètres de son, le plus gros son d'Europe, mais tout se discute, tant que l'on peut encore s'entendre.
"Éléphants et châteaux" maintenant en français dans la tête. Cendre de lune est toute bleu dans son fuseau décalé des étoiles, sur ces talons de vingt-cinq mètres, chapeau à plume vert et gants de cuir jaune citron, plus de doute c'est l'Angleterre.
Des enfants dansent déjà au pied de ce ministère, mais il est l'heure de se taire de franchir la porte et d'oublier.
Balder