Une façon d'accommoder les restes

Caché dans la soute, l'oeil bleu, la peau fade, à l'heure ou les chiens se réveillent dans le fantasme de l'eau qui dort, il détachait son regard du trottoir et disparaissait dans le néant de la foule. La main en visière, il scrutait le bout de la rue, vers les grilles du parc, là où les putains le soir venu, de loin, ressemblent à des vitrines. Conscrit dans son scaphandre d'hébétude il enjambait du regard, la ville et et les gens, d'une main asphyxiée par les cendres carnivores. Lorsque, assis, à  la terrasse de cette vieille brasserie, je le voyais arriver, je ne pouvais m'empêcher d'appeler le garçon pour commander un autre verre et j'attendais que son manège recommence, chaque matin de juillet à la même heure. Il affichait cette position immobile et insoluble durant quinze minutes exactement au milieu de la vague de la foule en mouvement, on aurait pu le prendre pour un objet, un pylône. Au bout de de ce temps, commensal de l'absence, délesté de son fardeau d'attente, il reprenait sa route, non pas vers le parc, mais en sens inverse, l'oeil inquiet, la mâchoire serrée, verrouillée sur des borborygmes angoissés, soulevant aux croisements des embouchures, des circonvolutions énigmatiques éclaboussées de la gadoue de ses membranes. Cette gigue quotidienne n'empoisonnait pas mon insouciance, bien au contraire. Elle m'appasait. Conformément à mes habitudes, selon un rituel entretenu depuis des années dans le contre point de mes exhubérances, je savais qu'il était en vie et cette pensée, cordelette usée par la dérive des siècles n'échappait à la règle d'or des dossiers sans emballages. Ceux dotés d'un numéro à quatre chiffres appartenant à l'algèbre d'une exoplanète dissidente. Ceux avec le liseré de soie rouge, que des femmes nues, masquées transportaient tous les jours dans le réseau souterrain disséquant la ville. Les dossiers renfermant, les contrats...