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Le salon de Balder
11 juin 2012

Manger

4

Un cueilleur de bulle dérange un moment l'après-dîner par des drôles de tours, des farces et attrapes, des gadgets. En s'asseyant près de la véranda l'un des invité s'est collé une rage de dents invincible, nous observions ses grimaces sans en connaître la raison.Le médecin est arrivé, il portait un kilt de soie noire et dans sa main droite, une bouteille de frémissements de neige, c'est ce qu'il avait lu dans un guide de jardinage dentaire. Il faut faire fondre des flocons dans les yeux qui ne bruinent plus. C'est comme ça qu'il faisait pendant la guerre, à califourchon sur les circonstances, se projetant à corps perdus dans des situations argileuses aux péripéties soutenues. Ensuite, nous sommes restés un long moment sans rien, dire, à fumer des cigares en feuilles de lune. La nuit, épaisse nageait dans la glace de son abandon, la première bouteille de rhum ne contenait que des messages sans importance, des testaments aux volontés archaïques, auxquelles en écho bourdonnant répondaient les sillons des naufrageurs. Chacun à pris son poulpe sous le bras, porté par l'hérédité de ses combinaisons, enchainant son fantôme aux reliquats du buffet, ou les tourtes encore vierges de leur prochains fardeaux offraient des cuisses amantes aux lèvres des ciseaux. Le tombeur de prescriptions ranima la chandelle de l'auditoire de quelques données savantes, à ne pas oublier, ce qui fût fait dans l'instant, où poussé par l'agonie supplémentaire d'un couple en train de valser, le maître d'hotel commença à broyer les os d'un caneton à la manière du père Denise, pour en faire jaillir le sang.

 

Balder 

 

 

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